Anses d'Arlet : Kaialis Kaillassés par la Kaillera
Anses d'Arlet : Kaialis Kaillassés par la Kaillera
Quand je les ai rencontré hier, Monsieur et Madame Kaiali étaient encore sous le choc, ne comprenant visiblement pas la violence de cette manifestation raciste à laquelle ils ont été confrontés.
Monsieur K (il a demandé à rester anonyme par peur des représailles) a accepté de répondre à nos questions.
"Nous ne comprenons pas, dit-il, la violence de cette manifestation raciste à laquelle nous avons été confronté. C'est vrai que nous ne sommes pas du bourg, nous vivions "nen dé marigots" à Lagrantans mais ayant eu vent d'un projet de baz nautik sur notre marigot, nous avons préféré émigrer vers un lieu qui nous semblait plus tranquille. Vous comprenez, Madame K va bientôt être maman et nous souhaitons un environnement plus stable pour nos enfants. Nous pensions que Pa bo cimitiè serait l'endroit idéal."
Comment c'est passé votre arrivée ici ?
"Et bé, dès notre arrivée, nous avons commencé à construire. Vous comprenez, les petits arrivent et le permis de construire, les papiers, tout ça ça prend du temps, alors on s'est dit qu'on pouvait toujours prendre de l'avance. C'est comme ça que tout le mode fait ici vous savez, et on ne dit jamais rien".
Et vous, on vous a dit ...
"On nous a rien dit. Je voyais bien les gens nous regarder en passant. J'ai bien vu qu'ils répondaient pas quand je disais : "Bonjour bonjour, belle journée". J'ai bien entendu quelques "Tchiiiiiiip, ga tèt sa" mais je me suis dit que c'était la manière des gens de la ville même si je trouve pas ça bien poli. Alors on s'est plus occupé d'eux et on a continué à construire. Vous comprenez, on est des gens tranquilles et les petits arrivent bientôt. Madame K veut que la maison soit prête".
Et que c'est-il passé, avons-nous finement demandé
"On sait pas bien, ça a été si rapide. C'était le soir, la nuit tombait. Un groupe est passé, ils étaient 5 ou 6, ils parlaient fort. Ils se sont arrêtés et ils nous montraient du doigt. J'ai tout de suite compris qu'on allait avoir des problèmes. J'ai dit à Madame K de continuer à travailler comme si de rien n'était et je faisais comme elle en surveillant. Ça parlait de plus en plus fort et à un moment, une grosse roche a volé vers nous. J'ai attrapé Madame K et nous avons sauté dans l'ombre des branches. La roche a atterri exactement là où se trouvait Madame K, brisant un peu de bois mais sans nous toucher, heureusement. Ils ont encore tiré quelques roches vers l'endroit où nous avions disparu mais nous étions bien serrés sous les feuilles, et ils ont fini par s'en aller".
Et vous êtes quand même revenus ?
Et bé oui. Vous comprenez ... Qu'est-ce qu'on pouvait faire ? On a passé toute la nuit cachés à guetter leur retour et quand le soleil est monté, on est retourné au chantier. Vous comprenez, on a tout mis dedans et de toute façon on a plus le temps de chercher autre chose maintenant, le petits vont arriver et Madame K, enfin vous comprenez.
Et vous n'avez pas porté plainte ?
Porté plainte ? Vous savez, les petites gens comme nous, il vaut mieux qu'ils restent discrets. Si on va porter plainte, ils vont nous poser des tas de questions, nous demander des tas de papier et nous faire perdre un tas de temps inutilement, alors ... Bon, vous m'excusez, c'est pas que je vous chasse mais il faut qu'on retourne chercher du bois, vous comprenez".
Interview réalisée par notre correspondant arlésien, joli village de pêcheurs, avec quelque part à l'entrée, un panneau marqué "Konten ouè zot".
Hé, Karl, dis-moi ... Z'ont pas l'air très hospitaliers avec les étrangers dans ton village. C'est pourtant un gentil petit couple bien tranquille et bien propre qui ne demande qu'un petit bout de branche. Et puis ils sont pêcheurs, comme toi, ça devrait rapprocher, non ?
Acouna Kaillera
Séquence photos de la construction du nid
Séquence photos de Monsieur et Madame Kaiali en train de ... faire du vélo
14 juillet 2010